Il n’y a rien de plus cool que l’équipe nationale

Par Katie Vincent

 

Aussi longtemps que je me souvienne, mon rêve était de concourir pour le Canada aux Jeux olympiques. Quelque chose dans le fait de porter la feuille d’érable sur la plus grande scène sportive du monde me donne de l’énergie tous les jours.

 

 

J’ai toujours pratiqué différents sports lorsque j’étais plus jeune. Ma mère pourrait vous raconter de nombreuses histoires où elle me ramassait au bas de la piste de ski après l’entraînement du dimanche matin à Collingwood afin de retourner à Mississauga pour mon match de hockey du dimanche après-midi (j’étais une enfant bien gâtée). Je pratiquais le ski alpin de haut niveau au moment où j’ai commencé à pratiquer le canoë-kayak de vitesse.

 

Petite, je souhaitais être comme Clara Hughes : j’allais faire deux sports aux Jeux olympiques. Pendant une bonne période de temps, ça fonctionnait bien : en canoë l’été, en ski l’hiver. Mais évidemment, j’ai finalement dû choisir un des deux. Mes parents m’ont demandé de décider à l’automne 2011, c’était l’une des décisions les plus difficiles de ma vie. Au fond, je savais que je continuerais à faire du canoë, c’est là que se trouvait mon cœur… mais il m’a fallu du temps et plusieurs larmes, pour enfin prendre la décision difficile de laisser tomber le ski – et depuis ce temps, le canoë est devenu ma muse.

 

 

Au printemps 2012, j’ai assisté à mon premier camp d’entraînement en Floride. Alors que je pagayais pour la première fois le long du canal (cours d’eau sur lequel j’ai maintenant pagayé des milliers de kilomètres), j’attendais avec impatience les moments où les athlètes de l’équipe nationale mettraient la petite Katie de 16 ans dans les vagues! Puis, pendant 30 secondes, je m’arrêtais et je les regardais faire paraître si facile et si gracieux ce sport incroyable. Je voulais être comme eux.

Quelque chose que je n’ai jamais vraiment considéré au début de mon aventure en tant qu’athlète de canoë de vitesse était que mon sport ne faisait même pas partie des Jeux olympiques. Ça ne fait soudainement plus de sens, n’est-ce pas? Mon rêve est de représenter le Canada aux Jeux olympiques et je viens tout juste de choisir un sport qui ne fait pas (encore) partie du programme olympique… Mais en même temps, si je ne faisais pas de canoë, rien n’irait.

Il a fallu beaucoup de temps pour que le canoë féminin soit ajouté au programme olympique et c’est ce qui rend ce voyage encore plus spécial.

 

Great capture by Ronald Poisson from our MCC Home Regatta. World Champion athlete @k.vincent_ finished a paddle on home turf with 2 of our youth racing program athletes looking on. 💥

Posted by Mississauga Canoe Club on Sunday, June 24, 2018

 

Je suis entré dans ce sport à un moment bien intéressant. Le mouvement des femmes en canoë avait déjà commencé, mais on était encore très loin de l’inclusion aux Jeux olympiques. Il y avait toujours un énorme manque de soutien des fédérations du monde entier, trop de « ce sport n’est pas encore prêt » et pas beaucoup de « nous serons le changement ». Heureusement, le Canada a pris les devants et nous sommes toujours aujourd’hui un leader dans ce mouvement. Nous avons énormément de chance au Canada, car les femmes ont toujours pratiqué le canoë, et ce bien avant ma naissance. Récemment, ma tante a dit à ma famille qu’elle était également membre du Mississauga Canoe Club et qu’elle avait fait quelques courses de canots de guerre (C15). Cela fait 13 années que je suis membre du club et ma tante décide de nous annoncer cela maintenant seulement? Haha, trop drôle! Malheureusement, bien d’autres pays n’ont pas cette chance et je ne peux pas imaginer ce que mes concurrents ont vécu en sachant tout ce que j’ai moi-même eu à surmonter en tant qu’athlète n’étant pas totalement soutenu par mon propre pays.

 

 

Mon histoire n’est qu’une parmi tant d’autres, il y a eu énormément de femmes devant moi qui méritent le plus grand des respects pour leurs rôles de pionnières dans le mouvement du canoë féminin. J’ai moi-même du lutter contre plusieurs éléments et fais face à plusieurs commentaires négatifs. J’étais une femme, pratiquant un sport que normalement seuls les hommes pratiquent, et je le faisais mieux que certains d’entre eux… J’ai été très chanceuse pour la plupart, j’ai eu un excellent système de soutien avec de bons entraîneurs et une famille extrêmement encourageante, mais ce n’est pas tout le monde qui a été aussi coopératif… Permettez-moi de partager quelques-uns de mes citations favorites que les gens m’ont dites au fil des ans:

« Le canoë féminin ne sera jamais aux Jeux olympiques ! » – Eh bien …  Vous aviez vraiment tort…

« Si le Canada gagne sur la scène mondiale, c’est juste parce que le reste du monde n’est pas très bon ! » – Ah, je donnerais bien à cette personne 5 $ pour dire cela à l’un des nombreux champions du monde et médaillés olympiques de notre pays…

« Est-ce que c’est bizarre que vous ayez à passer par une demi-finale maintenant qu’il y a trop de gens pour aller directement en finale ? » – Non, en fait, plus on est de fous, mieux c’est! De cette façon, nous pouvons continuer à montrer au monde à quel point le Canada domine dans cette discipline. Nous n’avons pas peur d’un peu compétition…

 

There was recently a petition made to not exclude the C1 200m from the Olympic Games. You could understand my…

Posted by Katie Vincent on Monday, December 14, 2015

 

Je pourrais continuer longtemps comme ça, et je suis sûr que toute athlète de canoë avant moi pourrait vous en dire davantage. Ce qui rend ce mouvement si spécial, c’est qu’aucune d’entre nous n’a aimé ce sport parce que nous avions de bons résultats; nous l’avons aimé parce que nous aimions faire du canoë. Nous ne sommes pas naïves, nous sommes conscientes que nous n’avons peut-être pas autant de profondeur que d’autres disciplines, mais nous ne nous en plaignons pas non plus! J’ai récemment vu un coéquipier se plaindre d’avoir 4 courses en une journée! Tout ce que je pouvais penser était : « Est-ce que tu préfères ne pas avoir de courses en une journée? »… Ma gratitude envers ce sport a beaucoup augmenté ces dernières années. C’est peut-être une preuve de maturité, mais reste que je suis extrêmement reconnaissante pour toutes les opportunités que j’ai.

Comme je l’ai dit plus tôt, tout ce que je voulais dans la vie était de faire partie de l’équipe nationale. Il y a eu quelques années où c’était vraiment difficile. J’avais les meilleurs résultats avec l’équipe junior et M23, et j’avais toujours moins de support que certains athlètes non membres de l’équipe nationale, et ce, même après avoir gagné un titre mondial. Et il n’y avait rien que je puisse faire à ce sujet et ce n’est la faute de personne (c’est ça la politique, n’est-ce pas?)… Mais drôlement, tout cela me fait apprécier encore plus tout le support que j’ai maintenant.

À l’heure actuelle, je me réveille tous les jours et je m’entraîne avec mes coéquipières au sein de l’équipe nationale canadienne. C’est à peu près aussi proche que cela puisse être pour moi de vivre le rêve; je n’ai actuellement aucun intérêt pour la vie au-delà du sport. C’est ce dont j’ai rêvé depuis que je suis une petite fille. Je n’ai aucune idée du succès que je connaîtrai, je n’ai aucune idée de la durée de cette aventure, mais ce que je sais, c’est que je vais continuer à me fixer des buts après buts jusqu’à ce que je n’en veuille plus. Être membre de l’Équipe canadienne c’est la chose la plus gratifiante pour moi, parce qu’il y a eu une période où il n’y avait même pas d’équipe nationale féminine de canoë et je me souviens de ces années. Maintenant, nous sommes entièrement soutenues par notre fédération et le Canada est toujours en tête du peloton sur la scène internationale.

 

 

Récemment, nous avons commencé à organiser des dîners d’équipe ou des activités de groupe une fois par semaine. Nous rassemblons toutes les disciplines et faisons quelque chose qui n’est pas trop exigeant physiquement. Pour moi, il ne s’agit pas de sortir de ma zone de confort pour essayer de convaincre 40 personnes de venir prendre de la crème glacée avec moi, c’est d’être une équipe. J’adore ça, j’aime l’idée qu’une fois par semaine, même pour une heure seulement, nous marchons dans la rue ensemble, en équipe, parce que je sais que la petite Katie de 16 ans s’arrêterait pour nous regarder et penserait: « Je veux être comme eux plus tard! ». Plus tard, quand je repenserai à mes années en tant qu’athlète, je veux pouvoir dire que j’ai tiré le meilleur de cette expérience, et le sentiment de faire partie d’une équipe est une partie importante de cette expérience.

 

🍔&🍦 #BurgerTuesday #GirlsTrip #TrainingCamp

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Je suis très excitée par les opportunités qui s’annoncent pour mes coéquipières, pour les générations d’athlètes de canoë de vitesse après moi et pour moi-même. Mon objectif principal est de faire partie de l’équipe qui représentera le Canada à Tokyo aux Jeux olympiques de 2020. Un objectif qui, il n’y a pas très longtemps, n’était encore qu’un rêve.

Notre équipe s’entraîne ensemble sur le lac Banook à Dartmouth, nous travaillons très fort avec une équipe de sciences du sport et notre entraîneur Jan Kruk pour continuer à repousser les limites du canoë féminin. Nous ne savons toujours pas où est cette limite, mais il n’y a qu’une seule façon de le savoir : continuez à aller plus vite.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenu et qui me soutiennent, merci spécial à l’une de mes coéquipiers, l’une des nombreuses pionnières du canoë féminin au Canada, merci à tout athlète de canoë féminin du monde entier, au mouvement du canoë féminin, à toute membre de l’équipe nationale passée ou présente, et merci à tous ceux qui ont eu l’occasion de profiter de ce magnifique sport qu’est le canoë de vitesse.

 

Nous Pagayons.

 

Woman's Canoe Legacy Lives On

As our top female sprint canoeists anticipate the 2020 Olympic Games, they are reflective upon the leaders in the paddling community that enabled equality and growth within the sport. We are proud to have the national woman's canoe team based out of Lake Banook, Dartmouth, Nova Scotia. In partnership with Made with Local, Canoe Kayak Canada #wepaddle #adckc #lakebanook #discoverhalifax #womenscanoe

Posted by The ADCKC on Monday, July 16, 2018

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Merci à l’Atlantic Division CanoeKayak Canada pour les belles photos et vidéos. Trouvez en plus sur le page Facebook et Instagram de l’ADCKC.